Monday, July 30, 2007

Pourquoi un blog?

Il y a quelques jours, Brigitte, une amie datant de l'irc en 1995, a été sujet d'un article paru dans le Figaro: Blogueuse avant l'heure.

Elle avait commencé à bloguer avant que le terme ne soit même inventé lors de son passage à l'UQAM. Ses textes, qui partageaient ses états d'âme, ses opinions et un peu de poésie, paraissaient en BBS sous Montréal, Soleil et Pluie, i.e. MSP entre 1995 et 1998.

Ce qui m'a intriguée, c'est qu'elle a arrêté de publier après trois ans parce que sa célébrité l'incommodait. Elle le dit elle-même, le fait que de parfaits étrangers la lisent et se sentent proches d'elle la rendaient inconfortable.

Douze ans plus tard, moi j'écris ce blog avec les mêmes sentiments partagés. Je présume sincèrement qu'il se perd dans l'océan de blogs inachevés sur le 'Net. Et donc, très paradoxalement, Brigitte et moi écrivons pour la même raison: pour n'être que peu lues, ou lues que par les gens qui comptent...

Saturday, July 14, 2007

Trampoline



Encore une fois, je jongle mes mondes. Je suis présentement à l’été nordique, plutôt pluvieux, et je complète un petit séjour de deux semaines ici dans le Nord. De vagues échos me disent qu’il fait beau et chaud dans le Sud et que la saison des festivals bat son plein. Mais juillet me plaît ici-haut. Je prends le temps de vivre ici, et soirée après soirée entre amis se sont succédées, que ce soit pour essayer une nouvelle recette d’outarde aux baies, de se faire bouffer par les moustiques dans le bois un des rares soirs ensoleillés, de zigonner sur un nouveau Mac, ou d’améliorer mes stratégies hasardeuses au jeu de société Porto Rico. On a même réussi à se faire une session de bronzage dehors en bikini s’il-vous-plaît la semaine passée – alors que cette semaine je mets ma tuque et viens de m’en acheter une autre, très Inuit, en me promettant de la mettre à bon usage à l'hiver 2008.



Mon départ pour la République Démocratique du Congo est incroyablement abstrait. Avec l’âge, on dirait qu’on prend plus conscience du présent, et je ne me projette plus dans le futur, aussi proche soit-il. Car dans trois semaines, je suis quelque part dans l’ex-Zaïre, affrontant brousse, serpents, et maladies tropicales. Et, j’imagine, une grande misère humaine et de nouveaux défis dont je n’ai présentement aucune idée. Mais pour l’instant je ne veux pas y penser, et c'est en grande partie du déni. Je remplis tranquillement la paperasse pour le départ. Je pense à tous les amis à qui il faut que je parle avant de partir. Je pense à mes proches qui vont s’inquiéter et qui présentement m'inquiètent. Je pense de manière pratique au travail qui m’attend encore à mon retour dans le Sud, ô joie à la pénurie de personnel et aux nouveaux résidents tout verts...

Si je pense trop à ce qui m’attend en RDC, je risque de lâcher la patate. Les boules, qui avaient fait leur apparition en mai, étaient parties pour un temps lorsque le départ avait été repoussé, mais elles viennent de me revenir depuis hier. Quelques petites crises de mini-anxiété m’ont prise: l’inimaginable, les risques, les dangers dont je n’ai pas connaissance. Mais je me ressaisis en pensant au présent et en m’accrochant aux croyances, sans doute fausses mais rassurantes comme un vieil édredon, que rien n’arrive pour rien, que c'est mon chemin, et que ce qui arrivera arrivera. Un peu de fatalisme mêlé d'humilité et de bras baissés. Et ce don de fragmenter les jours en instants afin d'étirer le présent me protège un peu du souci insondable du futur.

C'est le saut avant le départ qui se prépare et je me défends en pensant plus à l'organisation des amis qui vont se rencontrer à Eclipse et aux vacances au Mozambique prévues pour janvier, qu'à ma mission MSF. Un bon déni tout ça!!! If I don't see it, it's not there...

Friday, July 13, 2007

No MSF blog - Pas de blog MSF

Après mûre réflexion, j’ai fait le choix de ne pas demander de faire un blog MSF public. Pour plusieurs raisons. D’ordre mondain: il y a deux blogs sur la République Démocratique du Congo déjà – donc je me vois mal réinventer la roue. D’ordre moins louable: après le blog littéraire de James Maskalyk sur le Soudan, le mien serait pâle en comparaison. D’ordre plus pratique: j’aimerais laisser cours à ma libre expression lors de la tenue de mon journal de bord, or je ne sais pas jusqu’à quel point MSF censure ce qu’il se passe, que ce soient les problèmes de sécurité ou la politique. A l’instar des amies DC et SF déjà passées par leurs premières missions MSF (et DC à sa deuxième, en Somalie), je vais envoyer des courriels de masse en anglais et en français, dépendamment de l’audience. Ecrivez moi pour me dire que vous voulez être rajouté sur ma liste, et laquelle (ou les deux). Je vous préviens que les missives risquent d'être longues puisque j'ai l'intention d'amener mon Ibook, une pile supplémentaire, et une clé USB à Shamwana. Ceux qui me connaissent bien savent que je tape plutôt vite. Et je vais faire un effort pour conserver tous les accents et les çédilles pour les puristes francophones entre vous. Le tout se retrouvera éventuellement sur ce blog, sans doute en 2008. D'ici là, on se reverra électroniquement via ligne satellite MSF!

After some careful thought, I’ve made the decision not request a public blog on the MSF site. For several reasons. The most mundane one is that there are already two MSF blogs on the Democratic Republic of Congo, so it may be repetitive. The weakest one is that after James Maskalyk’s incredibly written blog in Sudan, I am afraid that my blog will be somewhat colourless. And the most practical one is that I wish to express myself freely, but I do not know to what point MSF will put some censorship on their public blogs, whether it be concerns with security, politics or image issues. Hence, just like my friends DC and SF who have come back from their first MSF missions, I will send mass e-mails in both English and French, depending on the audience. Write me if you would like to be included to either lists or both. I would like to warn you that the letters may be long because I am planning on bringing my Ibook, an extra battery, and an USB key to Shamwana. And those who know me well will remember that I am a fast typist. The letters will eventually be posted on this blog sometime in 2008. Hence, see you all electronically via the MSF satline!

Addendum - 2008
Retrouvez-moi ici

Thursday, July 5, 2007

Lectures sérieuses

Pré-départ pour la République Démocratique du Congo, dans le petit village de Shamwana au Katanga, où j'ai été confirmée pour au moins six mois avec MSF. Mission retardée d'un petit mois donc encore la Baie James et Montréal pour juillet. Le grand départ sera en août via Amsterdam.

Pré-départ, je viens de lire Emergency Sex and Other Desperate Measures, de Heidi Postlewait, Kenneth Cain and Andrew Thomson, sur la recommandation facebookienne d'une grande érudite, Brigitte. Une critique vitriolique de l'administration bureaucratique de l'ONU et de la politique étrangère américaine récente - ça a créé tout un tabac et Kofi Annan avait banni le livre, ce qui a aidé à sa publicité - et des commentaires qu'on pourrait étendre sur les autres grandes ONG. Tout ça venant de trois travailleurs dans les tranchées, sur le terrain, à travers plusieurs missions onusiennes sur tous les continents. Bref, je suis bien contente de partir avec MSF comme ONG, quand même. Mais il serait naïf de penser que MSF ne souffre pas aussi de néocolonialisme et n'en attire pas des adeptes. Les trois M de l'humanitaire: missionary, money-maker, et misfit ;)

Et maintenant je lis en même temps:

Heart of Darkness, de Joseph Conrad - un classique de la littérature anglaise du début du siècle, le squelette du film Apocalypse Now, et une lecture de base sur le Congo où je m'en vais. Tous mes amis ayant passé par un cégep anglophone connaissaient ça... je ne suis que plutôt ignare en littérature anglaise classique :)

In the Footsteps of Mr. Kurtz: Living on the Brink of Disaster in Mobutu's Congo, de Michela Wrong- une analyse politico-humaine des temps de Mobuto Sese Seko, ie. Le Léopard, le dictateur de l'ex-Zaïre qui étrangement ressemble à l'anti-héros de Conrad, le Mr. Kurtz.

Et mon 'psycho-pop' (pas très pop en fait) du mois: Man's Search for Meaning, de Victor Frankl. Un livre important du 20ème siècle écrit par un psychiatre ayant survécu à l'Holocauste. Quelques notes sur ce livre ici et ici.

Que de lectures sérieuses en ce pré-départ! Ça renforcit mon côté tragique :)

... et furetages moins sérieux!!!

Mon Dieu! Et si c'est vrai que la dame tient pignon sur rue à Baie St-Paul, c'est qu'elle a des clients! Au secours!!!

Lynda Tremblay, décoration Tremblay
capsules qui auraient paru à TV Charlevoix-Ouest jusqu'en 1996



ou directement ici sur youtube.